Un beau soir de juillet,
dans la cour, chez Loulou,
la balle d'un tueur fou
me frappe de plein fouet ! → |
J'échappe les arachides.
Le cœur en marmelade,
dans la bouche, un goût fade,
je bascule dans le vide ! |
Tout léger, léger,
je sors de mon corps.
Tout léger, léger,
je prends mon essor ! |
Je contemple mon corps.
Loulou crie au secours.
Tout se fige alentour.
Comme elle fait peur, la Mort ! → |
Puis, la stupeur s'apaise.
Les badauds se bousculent.
On parle, on gesticule;
on se sent plus à l'aise ! |
Tout léger, léger,
je sors de mon corps.
Tout léger, léger,
je prends mon essor ! |
Une sirène d'enfer
saccage le silence.
On sort de l'ambulance;
avec zèle, on s'affaire ! → |
On s'acharne sur mon corps;
on le pousse, on le frappe.
Loulou pleure, le chien jappe.
Je suis bel et bien mort ! |
Tout léger, léger,
je sors de mon corps.
Tout léger, léger,
je prends mon essor ! |
Bien que devant le cercueil,
où repose ma dépouille,
plein de gens s'agenouillent,
seule, Loulou, est en deuil ! → |
Et roulent sur ses joues
nos amours de juillet.
Là-bas, où je m'en vais
je lui donne rendez-vous. |
Tout léger, léger,
je sors de mon corps.
Tout léger, léger,
je prends mon essor ! |
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