Dans mon canot

Dans mon canot,
au fil de l'eau;
loin de la ville,
je suis tranquille. →
J'entends le vent
qui fait l'enfant,
qui rit dans mon dos,
là, dans les roseaux. →
Le grand Héron,
droit comme un jonc,
semble étonné
de me voir glisser.
Sur l'onde claire,
je touche au mystère;
je suis léger,
je vais m'envoler. →
Sous mon canot,
le ciel est dans l'eau;
dans mon sillage,
son bleu fait naufrage. →
Les poissons jouent
à faire la roue;
ils font des bonds,
j'en ai les yeux ronds.
Mon canot danse,
il me balance;
et, dans ma tête,
c'est jour de fête. →
Mon bonheur s'étire
à n'en plus finir;
dans l'air de l'été,
flottent mes pensées. →
Les hirondelles
me saluent de l'aile;
ce qu'elles me disent
se perd dans la brise.
Dans mon canot,
le Temps est beau;
aucun nuage
ne parle d’orage. →
Le courant m'emporte,
les rives m'escortent;
la Vie prend son temps,
mon cœur est content. →
Là, dans les feuilles,
museau de chevreuil
tremble et s'agite
de plus en plus vite.
Tout alentour,
la lumière court;
ses couleurs m'inondent, j'ai changé de monde. →
Mon aviron
fait un joli son
dans le silence
où je m'avance. →
Un aigle passe,
frôle mon espace;
son bec ouvert,
fait siffler l'air.
Dans mon canot,
au fil de l'eau;
loin de la ville,
je suis tranquille. →
Un serpent d'eau,
devant mon canot,
dessine un secret
et puis, disparaît. →
Le soleil décline,
mon âme s'incline;
dans la Beauté.
je suis emporté !