Souvenir d'école

Je me souviens d'elle;
souvenir d’école.
Je la trouvais belle.
Devant ses yeux, je perdais la parole.
La timidité
m’empêchait de parler. →
Je ne voyais qu'elle
dans la cour d’école;
et, tout autour d’elle,
mes pensées dansaient une farandole.
Dans mon scénario,
moi, j’étais son héros.
De nombreux prétendants
jouaient les chevaliers,
les fidèles servants.
Elle était la reine d’un échiquier,
l’objet d’adulation
du roi jusques aux pions. →
Le temps sur son violon,
jouait sans se lasser
le thème des saisons.
Or, sur sa musique, elle fut emportée
dans un vent d’automne
et au bras d’un autre homme.
Un soir dans un Café,
le Café «Au Hasard»,
sur la page glacée
d’une revue où l’on parlait de stars,
j’ai vu son visage,
une bien triste image. →
À des vendeurs de rien,
maquilleurs d’illusions,
inventeurs de besoins;
aux gourous de la mode et leurs légions,
elle louait sa beauté,
fallait-t-il m’étonner !
J'ai quitté le Café,
le Café «Au Hasard».
L’automne montrait son nez;
dans les rues, les gens se faisaient plus rares.
De retour chez moi,
j’ai fait un feu de bois. →
Le temps sur son violon
rejoue sans se lasser
le thème des saisons.
Or, sur sa musique, je suis emporté.
Que passe l’automne,
je ne suis pas son homme !